Comment faire beaucoup avec peu…

J’ai reçu votre lettre du 15 courant, et le mémoire qui y était joint.

Le tableau que vous me faites de votre situation m’afflige. Je vous envoie ci-inclus un billet de 10 louis.

Je ne prétends pas vous donner cette somme; je ne fais que vous la prêter. Lorsque vous serez de retour dans votre patrie avec une bonne réputation, vous ne pourrez manquer de prendre un intérêt dans quelque affaire qui vous mettra en état de payer toutes vos dettes.

Dans ce cas, si vous rencontrez un honnête homme qui se trouve dans une détresse semblable à celle que vous éprouvez en ce moment, vous me payerez en lui prêtant cette somme, et vous lui enjoindrez d’acquitter sa dette par une semblable opération, dès qu’il sera en état de le faire et qu’il en trouvera une occasion du même genre.

J’espère que les 10 louis passeront de la sorte par beaucoup de mains avant de tomber dans celles d’un malhonnête homme qui veuille en arrêter la marche.
C’est un artifice que j’emploie pour faire beaucoup de bien avec peu d’argent. Je ne suis pas assez riche pour en consacrer beaucoup à de bonnes oeuvres, et je suis obligé d’user d’adresse, afin de faire le plus possible avec peu.

C’est en vous offrant tous mes voeux pour le succès de vos affaires et pour votre prospérité future que j’ai l’honneur d’être, mon cher monsieur, votre tout dévoué serviteur.

FRANKLIN.

A lire également